Des chiffres et des lettres : la question de la rémunération des écrivains [PDF]

Oct 15, 2015 - Ainsi, on a vu récemment une tribune défendant le principe d'une rémunération pour les auteurs lors de sa

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L'odeur de la ville mouillée

Des chiffres et des lettres : la question de la rémunération des écrivains Publié le octobre 15, 2015

Vous l’ignorez peut-être mais les auteurs et autrices (nous reviendrons un autre jour sur le mot « autrice » ce n’est pas la question aujourd’hui) sont des êtres absolument normaux qui, comme la plupart de leurs congénères doivent régler des factures, s’acquitter d’un loyer et manger. Certains d’entre nous vont même jusqu’à mettre du beurre dans leurs pâtes, c’est vous dire. Pourtant, la question de la rémunération de l’auteur semble être un sujet si ce n’est tabou, du moins extrêmement indélicat. En somme, parler d’argent, c’est vulgaire. Quelques associations d’auteurs s’y risquent toutefois. Ainsi, on a vu récemment une tribune défendant le principe d’une rémunération pour les auteurs lors de salons du livre signée conjointement par la SGDL, la SCAM, le SNAC, l’ATLF et la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse. On y apprend d’ailleurs que le Centre national du livre a décidé « de conditionner, comme la SOFIA et la SCAM, le soutien financier qu’il apporte à 97 manifestations littéraires à la condition de rémunérer les auteurs lors de leur prise de parole ». La question de ces rémunérations dites « accessoires » n’est pas nouvelle : la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse a déjà fait beaucoup en ce sens, depuis longtemps. Certains auteurs ont aussi pris position sur la question, comme Francis Mizio, dont je vous recommande de lire le billet « Pourquoi vous ne me verrez plus en dédicaces et pourquoi il faut repenser tout ça ». Je crois que la rémunération des auteurs dans ce cadre est une bonne chose car en effet, ces activités constituent une source de revenus parfois indispensable pour eux, tant le montant des avances sur droits d’auteur est réduit à peau de chagrin. A cet égard on peut lire ce billet où un auteur publié chez Gallimard qui a récemment fait parler de lui en postant une petite annonce dans Libé précise les conditions financières de ses deux publications : « il a reçu une avance de droit d’auteur, 1500 euros payables en deux fois, ce qui lui a fait sauter son RSA. Et puis il n’en a pas beaucoup vendu. Alors on lui a expliqué que comme il n’avait pas été rentable la première fois, on lui reprenait le deuxième mais que les 600 euros de manque à gagner sur le premier seraient reportés sur le second». Sans s’attarder sur la rémunération du deuxième roman prenant en compte les mauvaises ventes du premier, on peut déjà faire un calcul tout simple : 1500 euros d’avance, sur un livre de 368 pages, ça fait environ 4 euros la page. Oui, c’est une avance, à laquelle s’ajouteront les droits d’auteurs perçus sur les ventes. Ces droits sont en général de l’ordre de 10% (pour la littérature dite « générale », hein, parce que pour une raison étrange, cette part tombe souvent à 8% voire 5% pour les auteurs jeunesse). Ce qui veut dire, en supposant que le contrat de l’auteur soit conforme à l’usage, qu’il touchera environ 2 euros par livre vendu (légèrement moins, mais enfin, disons 2 euros pour arrondir). Là encore, le calcul est très simple : 1500 euros d’avance, 2 euros par livre, il faudra en vendre 750 pour commencer à toucher quelque chose. Dans le contexte actuel, vendre 750 exemplaires d’un premier roman, ce n’est déjà pas si mal. Mais revenons à ce qui m’intéresse ici : l’avance sur droits d’auteur. Il se trouve que pour payer mon loyer, mes pâtes et diverses activités, je suis traductrice. On me paie donc pour traduire les œuvres des autres, qu’il s’agisse d’édition ou d’audiovisuel. C’est un métier que j’exerce avec bonheur, même s’il faut presque chaque jour se battre pour maintenir des tarifs acceptables. Pour le type de traductions que je fais, le paiement s’effectue en droits d’auteurs, puisque l’on considère qu’il s’agit d’œuvres de l’esprit. Je vais laisser de côté la traduction audiovisuelle, c’est une autre économie, mais il y aurait beaucoup à dire sur le sujet aussi. Restons pour l’instant dans le monde du livre. Lorsque j’accepte la traduction d’un livre, je suis rémunérée en droits d’auteur. L’Association des Traducteurs Littéraires de France (ATLF) travaille depuis de nombreuses années à la reconnaissance du métier et au respect de tarifs minimums. On trouve sur son site des informations très détaillées sur la rémunération des traducteurs littéraires, et on y apprend que la rémunération médiane pour un traducteur depuis l’anglais est de 21 euros le feuillet. Je sens que vous voyez où je veux en venir. Par la suite, les pourcentages de droits d’auteur touchés par le traducteur sur la vente de chaque ouvrage sont bien plus bas que ceux touchés par un auteur sur son livre. Le site de l’ATLF (qui est décidément une véritable mine d’or) donne une moyenne de 2% (sur un livre à 21 euros, 0.399 euro revient donc au traducteur). Il est de fait bien rare qu’un traducteur touche des droits sur sa traduction une fois l’avance encaissée. Gardons notre exemple du livre à 21 euros, et imaginons que le traducteur ait obtenu une avance de 21 euros par feuillet. Si ce livre contient 300 feuillets, le traducteur aura touché une avance de 6300 euros. Ce n’est qu’à partir de 15 790 exemplaires vendus qu’il touchera des droits en plus de son avance. Et si vous n’avez aucune idée des ventes de livre, disons que vendre 15 790 exemplaires d’un livre, c’est une très bonne vente. Ainsi, un traducteur a tout intérêt à bien négocier son avance, puisque c’est sur celle-ci qu’il sera rétribué, rarement sur les ventes du livre (bien sûr, dans le cas d’un best-seller, les choses changent, mais enfin, les best-sellers ne constituent pas l’essentiel du marché). Cette rémunération minimum n’est pas tombée du ciel, comme par magie. Des traducteurs littéraires se sont battus, ont négocié pour obtenir ce minimum. En tant que jeune traductrice, je bénéficie de ce travail de mes aînés, et je vais profiter de l’occasion pour les en remercier. Ce tarif n’est cependant pas une sorte de SMIC auquel tous les éditeurs seraient tenus : on m’a récemment proposé de travailler pour la moitié de ce tarif, et j’ai refusé, parce qu’il ne faut pas exagérer. Mais les éditeurs sérieux le connaissent, et d’après mon expérience, le respectent. De son côté, le Centre National du Livre, pour encourager les bonnes pratiques, n’accorde d’aide à la traduction qu’aux éditeurs qui respectent une rétribution minimum du feuillet à 21 euros. Ainsi, comme cela semble juste, pour la publication d’un ouvrage de littérature étrangère, le budget inclut, outre le coût de l’acquisition des droits auprès de l’éditeur étranger, un montant minimum au feuillet (21 euros) versé au traducteur. Étant à la fois traductrice et autrice (je vous assure on reviendra sur le mot « autrice », chaque chose en son temps) je perçois de la part d’éditeurs des droits d’auteur relatifs aux livres que j’ai écrits et à ceux que j’ai traduits. Et c’est là que je ne m’explique toujours pas comment je peux, d’un côté, refuser des tarifs ridiculement bas pour mes traductions, mais accepter des tarifs ridiculement bas pour mes propres livres. Je vais même vous avouer une chose dont je ne suis pas fière du tout : j’ai publié mon premier livre sans aucune avance. Rien. Nada. Zéro. Que dalle. Cela flattait tant mon égo de voir mon livre publié avec dessus le nom d’une maison prestigieuse que j’ai dit oui. C’est-à-dire que j’ai moi-même intégré l’idée qu’écrire n’est pas un travail qui mérite salaire. Autre fait amusant : si je compare les montants que m’ont rapportés comparativement mon premier livre et ma première traduction, je constate que ma première traduction s’est vendue deux fois moins que mon premier livre, mais m’a rapporté cinq fois plus. Parce que pour une traduction, on a trouvé légitime de payer mon travail, indépendamment des ventes de l’ouvrage. En revanche, pour un texte que j’avais écrit, je devais déjà être contente d’être publiée. Et je l’étais, c’est ça le pire. Et il en va de même pour la plupart des auteurs. On peut se baser pour cela sur le dernier baromètre des relations auteurséditeurs publié par la Société Civile des Auteurs Multimédias (SCAM) en mars 2015 où l’on peut lire : « Seul un auteur sur deux (49%) se voit aujourd’hui proposer systématiquement des contrats avec un à-valoir. Plus de la moitié des auteurs n’en perçoivent que «quelquefois» (29%) ou «jamais» (22%). Qui plus est le montant de ces à-valoir est à la baisse. Ainsi près des trois quarts des à-valoir proposés dans les derniers contrats sont inférieurs à 3.000 euros. Aujourd’hui, 38% des auteurs concernés par un à-valoir ont perçu pour leur dernier contrat un à-valoir inférieur à 1.500 euros et 28% d’entre eux, un à-valoir supérieur à 3.000 euros. » On imagine aisément que quand vous êtes payé moins de 3000 euros pour un, deux, cinq ans de travail ou plus, les revenus accessoires que sont les interventions en milieu scolaire ou les tables rondes puissent être des revenus non plus accessoires, mais indispensables. Cependant, une chose me chiffonne : et si nous poussions l’audace jusqu’à considérer que le métier de l’écrivain, c’est d’écrire des livres et que, partant, il faudrait envisager de se battre pour une rémunération minimum au feuillet ? Ou bien avons-nous vocation à devenir des animateurs culturels ? Dans l’urgence, oui, c’est certainement une bonne chose de permettre à ceux qui en ont besoin d’être rémunérés pour ces activités annexes, mais ne devrions-nous pas essayer de demander collectivement non seulement le versement obligatoire d’un à-valoir à signature du contrat mais aussi, soyons fous, un montant minimum au feuillet ? On va sûrement me dire que l’on obtiendrait pour effet pervers que les éditeurs ne publieraient plus alors que les livres rentables. Mais n’est-ce pas déjà un peu le cas ? Et c’est bien possible en littérature étrangère, pourquoi ne pourrait-on pas le faire en littérature française ? Certes, quand on achète un roman étranger, on sait déjà quelles ventes il a réalisées dans son pays d’origine, pour autant ce n’est pas parce qu’un livre s’est bien vendu dans son pays qu’il se vendra forcément bien dans un autre. Alors, les éditeurs publieraient peut-être moins de livres, et peut-être devrions-nous aussi, en tant qu’auteurs et autrices, accepter de moins publier. Si je demandais pour un manuscrit le tarif au feuillet que je demande pour une traduction je pense qu’on me rirait au nez. D’ailleurs, pour mon prochain manuscrit, j’essaierai. Du coup, il n’est pas impossible que personne n’en veuille, d’autant que mes ventes (puisque c’est de cela qu’il s’agit) ne seraient probablement pas à la hauteur de l’avance demandée. Je n’en sais rien, je n’y suis pas encore. La rémunération du travail de création ne semble pas aller de soi, et je crois que nous devons nous poser collectivement cette question. Ou bien accepter. Accepter que notre travail ne vaille pas plus que la gloriole dont nous jouissons après l’adoubement par un éditeur. Et je terminerai sur cette info lue hier et qui m’a fait bondir : une start-up iséroise a lancé à Grenoble des bornes qui distribueront gratuitement des histoires courtes pour agrémenter le temps d’attente des usagers de diverses administrations grenobloises. Pourquoi pas, l’idée est amusante, et met en avant les formes courtes ; lisant et écrivant moi-même des nouvelles je ne pouvais que m’en réjouir. Sauf que, j’ai beau lire les articles, chercher partout, je ne trouve nulle part mention de la rémunération des auteurs de ces textes. Eh bien oui, après tout, ça semble normal de payer ceux qui ont généré le contenu que vous allez lire, imprimé sur l’équivalent d’un ticket de caisse, non ? Eh bien visiblement, non. J’ai posé candidement la question à Short Edition, la start-up derrière ces bornes, et pour toute réponse, ils m’ont renvoyé vers une page « comment ça marche » sur leur site. Mais ça ne me semblait toujours pas très clair, j’ai donc continué à baguenauder d’une page à l’autre et puis j’ai fini par leur re-poser la question qui fâche : les auteurs des textes sont-ils rémunérés ? Ce qui ne me semble pas incongru dans l’idée, puisque la start-up elle-même loue ses bornes à la ville de Grenoble. Mais il semble s’agir de « valoriser » des textes. Un peu comme si les distributeurs de snacks que l’on trouve sur les quais de gare ou de métro servaient à « valoriser » les M&M’s, vous voyez ? Cerise sur le gâteau, je vous laisse apprécier ce qui tient lieu de contrat d’édition, suivant que votre texte sera sélectionné ou non. Quant à la question frontale sur la rémunération des créateurs de contenu, elle est visiblement « très technique », du coup Short Editions préfère ne pas y répondre (ou alors si j’envoie un mail). J’ai trouvé quelques papiers sur l’opération, qui tous mettaient en avant le caractère insolite ou mignon de la chose. Mais personne ne semble s’être posé la question de la rémunération des auteurs dans tout ça. Pourtant, si j’en crois cet article du Dauphiné, Short édition a levé 840 000 euros pour son développement, qui s’ajoutent à un apport de capital de 460 000 de Crédit Agricole. Et devinez quoi, Short Edition consacre par ailleurs 12 000 euros par an à doter des « prix » (3000 euros par sessions, 4 sessions par an, 12 000, le compte est bon). En fait de prix, ce sont en réalité des à-valoir sur les ventes, mais je n’arrive pas encore à bien saisir ce que recouvrent précisément les ventes (ebook, papier, bornes louées pour un an ?). Pour l’instant, je n’ai pu lire que des articles qui tiennent du publi-rédactionnel sur ces fameux « distributeurs d’histoires » mais si un journaliste me lit et qu’il a envie de m’expliquer, concrètement, quelle part est prévue pour la rémunération des auteurs dans tout cela, qu’il n’hésite pas, je suis tout ouïe. EDIT : Short Edition m’a écrit suite à ce billet, je vous livre leurs explications telles quelles « Voici donc l’information que vous cherchiez, que nous avons également transmise sur notre Page Facebook : « Les œuvres sélectionnées dans le distributeur sont des œuvres finalistes et lauréates. Cette diffusion se fait dans le cadre du contrat d’édition validé par l’auteur lors de la mise en ligne de son oeuvre (il est dispo sur le site). 10% des recettes générées par l’exploitation (comme le prévoit tous les contrats d’édition) sont reversés aux auteurs. » Cette exploitation sous forme de bornes distributrices d’histoires courtes apparaîtra donc dans la reddition des comptes des auteurs concernés. » Donc, si j’ai bien compris (et ça demande de se poser un peu pour réfléchir, c’est pas évident) : les bornes sont alimentées par les œuvres lauréates ET FINALISTES. D’après ce que dit le site, les lauréats ont donc touché 100 euros chacun sous forme d’à-valoir, quant aux finalistes… eh bien, non, les finalistes sont simplement soumis à ces conditions particulières de publications et seront rémunérés suivant le système limpide exposé à l’article 17. PS : je ne suis pas un être parfait (et croyez-le, je le regrette) aussi, il peut m’arriver de faire des fautes. Si vous en voyez, ayez la gentillesse de mes les signaler, je les corrigerai.

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20 commentaires pour Des chiffres et des lettres : la question de la rémunération des écrivains Alfred Boudry dit : octobre 16, 2015 à 3:04

Chère double collègue (autor & traductor): Bravo. Merci. [Pas vu de faute(s).] J’estime que, depuis ma première parution en 2008, j’ai touché 1.88€ par feuillet ; mon salaire horaire est encore plus [effrayant / flippant / parlant] : 0.40€ par heure de travail. Je connais un éditeur (modeste en volume de vente mais prestigieux en renommée) qui paie ses traducteurs 16€ le feuillet et ne pratique le coefficient de foisonnement qu’à 5% au lieu de 15%; résultat, ils économisent 25 à 30%. La Cherry sur le Cake ? Ils estiment que « le traducteur se doit d’améliorer la qualité du texte original »… Ah bon ? Et la plus-value, je vous la mets en prime avec le café et les clés de ma Porsche ? A part mère de famille sous la IIIe République, je ne connais pas de travail plus mal rémunéré qu’auteur. Pourquoi le fais-je ? Parce que c’est ça ou crève (et que le reste ne m’intéresse plus). Comment lutter là contre ? A part détruire le système éditorial actuel, je ne vois pas. Mais il paraît que détruire, c’est pas bien. Alors les responsables discutent et pendant ce temps, mon loyer ne baisse pas. Je vous aurais bien orientée vers la série d’articles que j’ai écrits sur le merveilleux monde de l’édition (« Il était une mauvaise foi ») mais je les ai retirés au printemps dernier. Ils ressurgiront bientôt.. « avec une vengeance ? »

Christophe dit : octobre 17, 2015 à 8:35

D’autres idées, ne laissant pas l’auteurice (cf #pouhiou) à son seul rapport de force avec l’éditeur. Le domaine public payant, proposé il y a bien longtemps par Victor Hugo : – http://page42.org/victor-hugo-et-le-domaine-public-payant/ – http://scinfolex.com/2014/04/30/domaine-public-payant-victor-hugo-naurait-pas-voulu-ca/ Et pour tous, pas seulement les auteurices, donc, le salaire à vie : – http://www.reseau-salariat.info/d60e8d6f2500d2a81466e1d205be9c59 – http://www.reseau-salariat.info/db46c3e55dd025f7d24d96f69873671e (en vidéo, conférence gesticulée)

morantguy dit : octobre 17, 2015 à 12:31

Bonjour Marie Causse, J’aime beaucoup votre article, qui rejoint mes observations et celles de tant d’auteurs. J’irais même plus loin que vous : les 10 % de droits ont de plus en plus tendance à se transmuer en 8 %, tandis que la littérature jeunesse opte pour un petit 4 à 6 %, parfois à partager avec l’illustrateur (ou illustratrice, tiens, en voilà un féminin digne de ce nom). Au risque de contredire un éminent collègue, je me permets de suggérer une solution autre que le dynamitage du système éditorial : cela s’appelle l’auto-édition, et un nombre croissant de ceux qui s’y sont mis en tirent un revenu bien plus conforme à leur travail. À conditions, bien sûr, de tolérer les grognements de mépris des défenseurs du système culturel français.

Hervé Astier dit : octobre 18, 2015 à 7:01

Bonjour Marie, Un article qui vaut son pesant de… cacahuètes malheureusement. Pour autant, article rondement menée au plan intellectuel et jubilatoire dans le style, bravo ! Pour ma part, j’ai exploré différents modèles économiques d’éditions : – Edition à compte d’auteur « hybride » : je paie la production et l’éditeur fait faire (réellement) de la diffusion – Edition à compte d’éditeur – Edition en auto-édition, pour un livre numérique. Résultat de ces 3 expérimentations : – Dans le premier cas, le roman SF a bénéficié d’un excellent retour presse spécialisé qui waouh, a propulsé les ventes à 2000 ex. Cela a juste remboursé mon investissement en production, seul le pseudo-éditeur a fait un bénéfice. – Dans le second cas, il s’agissait d’un essai, et l’éditeur m’a expliqué que pour ce type de littérature (qui n’en ai pas donc) il n’y avait pas d’a-valoir et que le pourcentage était de 8%, les essais se vendant traditionnellement moins bien que les romans. Le résultat de mes ventes a confirmé cette moyenne traditionnelle, et autant dire que les environs 700 exemplaires vendus au prix de 15€ m’ont rapporté à peu près 500 euros , merci pour ce moment de gloire… – Dans le troisième cas, j’ai posté mon premier roman (qui avait bien marché et dont je détenais les droits) sur un site de livre numérique (kobo) mais il ne s’est pas vendu, faute de pouvoir être vu : j’ai constaté d’ailleurs que sur les sites qui diffusent du livre numérique, seuls les « valeurs sûres » étaient mises en avant : un nouveau concept de « livre de gare numérique » ? Bref, trois expériences peu fructueuses pécuniairement qui montrent chacune à leur manière que gagner sa vie en tant qu’écrivain, ou écrivaine (?), est un beau challenge.

alicequinn2013 dit : octobre 18, 2015 à 9:43

A reblogué ceci sur Alice Quinnet a ajouté: Merci à Marie Causse pour cet article de fond passionnant sur la condition des auteurs, faisant écho au livre complet sur la question, de Bernard Lahire. Auteur ou lecteur curieux, je vous invite à le parcourir. De mon côté, je viens principalement de la littérature jeunesse, alors vous imaginez la différence entre mon statut d’auteur « confirmé » car édité par des maisons d’éditions traditionnelles, puis à présent d’auteur indépendant. S’auto-éditer n’est pas un acte qui vous garantit le succès de votre livre, mais c’est un acte qui vous garantit votre autonomie. Dans mon cas, il m’a aussi apporté une autonomie financière. Je voudrais juste dévoiler un secret que l’on m’a confié, mais je supprimerais certains noms car je ne cherche pas les ennuis, ce n’est pas mon style. Un jour, Gabriella PageFort, mon éditrice chez amazon Crossing, (c’est à dire l’éditrice qui choisit des livres dans le monde entier pour les traduire ensuite en anglais et les exploiter en numérique et en papier principalement sur la plateforme de librairie en vente Amazon USA), Gabriella donc, prend son téléphone et appelle une éditrice parisienne très connus, d’une très grand maison d’édition (commençant par un G), et lui dit qu’elle aimerait beaucoup éditer certains écrivains de son catalogue qu’elle a sélectionné en amont, pourraient-elles en discuter, et ébaucher un contrat de vente de droits en anglais? La réponse a été cinglante et méprisante. Non madame, ce n’est pas ainsi que ça se passe. Ce n’est pas vous qui décidez. Il est hors de question que quelqu’un d’autre que moi décide de quel auteur chez nous sera édité en anglais! 1er résultat des courses: désarmée par ce ton blessant et vitriolique auquel elle ne s’attendait pas, Gabriella a réussi à attendre d’avoir raccroché avant de pleurer un bon coup. 2eme résultat des courses: des auteurs qui auraient pu être traduits en anglais et vendus aux USA (il faut savoir combien il y en a peu contrairement à ce qu’on croit, pour comprendre la chance que c’eut été pour eux) ne l’ont pas été, et surtout n’en ont jamais rien su!!! Voilà, c’était un secret que je retenais depuis longtemps et qui me pesait, qui apporte une cerise sur le gâteau de l’article de Maris Causse.

Wendall Utroi dit : octobre 18, 2015 à 10:37

Bonjour, Article très intéressant et ciselé d’une main experte. Une délectation. Je ne suis pas surpris de voir une telle discordance entre le travail fourni et la rémunération, surtout dans le domaine de la création. A croire que les « miams » de l’esprit n’ont pas le même pesant d’or que les « miams » de l’industrie. Nous sommes formatés depuis cette fable de la cigale et la fourmis. :) Concernant cette start-up, elle ne prend que peut de risque, elle sait qu’elle trouvera des auteurs, même sous sous payés. le dernier verbe ne serait pas au conditionnel ? Je peux me tromper je suis loin d’avoir votre niveau… Bel article que je partage volontiers sur twitter.

Tux dit : octobre 18, 2015 à 10:49

Articles intéressant, merci. Mais il y a quelques « soucis » : 1. Tout d’abord, vivre de ses écrits n’est pas un droit comme le début de l’article le laisse à penser. Oui vous avez besoin de manger, comme tout le monde. Mais ce n’est pas parce que VOUS avez décidé d’écrire que vous avez le droit d’en vivre. Comme pour tout métier, il faut trouver des clients : ici un public, des lecteurs. Je ne connais pas la qualité de vos écrits, donc généralisons : si un auteur, un acteur ou un peintre est NUL, ben il n’en vivra pas. C’est tout simple, et après tout c’est pareil pour un plombier ou un informaticien. Je crois que c’est ce que vous voulez dire plus loin dans l’article quand vous dites « écrire n’est pas un travail qui mérite salaire ». 2. Les comparaisons ont leurs limites : comparer des textes à des « m&ms » n’est pas cohérent, surtout à l’époque où l’immatériel entre en jeu pour les écris, mais pas pour les biens physiques. Du coup, votre argument est peut-être correct, mais pas sa démonstration. À part ça, j’ai beaucoup aimé votre texte, ainsi que les éclaircissements sur les pratiques de short édition. On sent un peu d’ironie dans leur « business model » o_0

Marie Causse dit : octobre 18, 2015 à 11:01

Pour Tux : 1/ Je ne dis pas que c’est un dû de vivre de ses écrits, mais je trouve tout de même qu’un modèle économique dans lequel seul le travail créatif (celui qui ensuite fait vivre tous les autres) n’est pas considéré comme méritant d’être payé est problématique. Un manuscrit sur deux ne donne pas lieu à un à-valoir. Un sur deux. Vous trouvez ça normal ? Vous trouvez que c’est un modèle saint ? pas moi. 2/ J’ai relu 3 fois j’ai toujours pas compris. Pour Wendall Utroi : non, c’est bien un futur qui suit « si » (par exemple avec « tu » : si tu vois des fautes tu les corrigeras). :)

Wendall Utroi dit : octobre 18, 2015 à 11:20

Tout faux ! ;(

Francis Mizio dit : octobre 18, 2015 à 11:29

Applaudissements nourris (eux). Cordialement, FM

Nicolas Fumanal dit : octobre 18, 2015 à 12:13

-> Tux : effectivement vivre de ses œuvres n’est pas un droit. Mais attendre de son travail une rémunération minimale décente, oui. Travailler, c’est donner de son temps, pour soit ou pour quelqu’un d’autre. Si on donne son temps à quelqu’un d’autre, on doit recevoir une compensation, qui est normalement faite sous forme d’argent, pour simplifier les échanges de valeur. Il n’est pas normal qu’on ne soit pas payé un minimum décent pour son travail. Qui plus est, quand on va acheter son pain, est-ce qu’on marchande le prix? Non, et bien cela devrait être pareil chez les auteurs. ;-) -> Marie Causse : merci pour cet article instructif, plein de sources et plaisant à lire. Juste une remarque par rapport à ce que vous a répondu Short Ed. : « 10% des recettes générées par l’exploitation (comme le prévoit tous les contrats d’édition) sont reversés aux auteurs. » c’est faux, car : – 10% des recettes, ce n’est pas 10% du prix de vente public hors taxe, qui est lui la moyenne normative on va dire. (Les « recettes » c’est le bénéfice retiré par l’éditeur, donc sur un livre à 20€, environ 3,2€. 10% du bénéfice, c’est donc 0,32€ pour l’auteur. Contrairement à 10% du ppht qui représente 1,6€, ce qui fait 5 fois plus…) – en outre si vous dîtes qu’effectivement les livres sont distribués gratuitement par les bornes, l’auteur ne touchera donc rien sur cette utilisation de ses œuvres, car 10% de 0… Mais bon peut-être les auteurs touchent ils 10% des bénéfice de l’éditeur qui « loue » (???) ses bornes à la mairie… Dans tous les cas, l’éditeur vous ment sans vergogne, et à mon avis le sort des auteurs qui lui font confiance est peu enviable…

Xavier dit : octobre 18, 2015 à 1:11

L’auteur(e) est la seule matière première dans l’économie du livre (pompe à fric) à être considérée comme la dernière…

Marie Causse dit : octobre 18, 2015 à 1:13

L’ironie n’était peut-être pas claire dans mon propos mais en effet ce qui me fait bondir (sur le principe n’ayant moi-même confié aucun texte à cet « éditeur ») c’est que visiblement, la plupart des textes qui seront utilisés n’ont pas été payés. Et les « conditions particulières de publications » vers lesquelles j’ai mis un lien me semblent pour le moins sibyllines. Et enfin, oui, la SCAM recommande que le pourcentage revenant à l’auteur soit établi à partir du prix HT du livre, ce qui en effet est plus avantageux (ou moins désavantageux si on veut) pour l’auteur. Je l’ai signalé à Short Edition dans mon mail de réponse, je ne sais pas s’ils en tiendront compte (absolument pas à mon avis). Et enfin, oui, je serais très curieuse de savoir sur quelle base les auteurs seront rétribués, s’ils le sont un jour (au prorata du prix de la location à l’année de ces bornes ? Suivant le nombre de textes imprimés ? Mystère !).

Alfred Boudry dit : octobre 18, 2015 à 1:25

J’ai, semble-t-il, laissé un détail dans le flou: lorsque je parle de détruire le système éditorial, je ne parle pas du principe des droits d’auteur. Ceux-ci ont été mis en place peu avant la Révolution, tandis que le monde de l’édition qui sévit encore aujourd’hui est né dans les années 1830/40, des oeuvres insanes des Louis Hachette et consorts, bourgeois-courtisans qui léchaient les semelles d’une royauté moribonde et hors d’âge. Y traîne encore aujourd’hui sa mentalité féodale, où les « barons » auto-proclamés décrètent la servitude et l’imposent à coups de contrats qui sont de véritables indentures… une notion aussi périmée que méprisable. Par quelle aberration en est-on arrivé à n’attribuer que 8% voire moins à la personne sur qui tout cet édifice repose, c’est la question à laquelle aucun éditeur n’a jamais eu les couilles ni la conscience de répondre en public, et la preuve que tout ce système a été perverti par la technocratie, la ploutocratie et la scélératesse. (Un exemple parmi d’autres : à la fondation de la SACD, les adhérents payaient une cotisation symbolique et recevaient 12% de la recette, sans autre retenue. Aujourd’hui, en sus de la part sociale et d’une adhésion annuelle non négligeables, les auteurs n’ont droit qu’à 10%, dont 24% sont retenus par la charmante Société pour assurer ses frais. Laquelle société a, de surcroît, la malhonnêteté absolue d’annoncer dans ses communications internes qu’elle redistribue aux sociétaires 87% de la masse totale perçue. Oui, faites le calcul: pour ces gestionnaires du talent, 100-24=87! A ce niveau-là, ce n’est plus de l’hypocrisie, c’est de l’ordurerie pure et simple, « digne » des entreprises industrielles et des partis politiques. >>> http://alfred-boudry.blogspot.fr/2013/07/les-mysteres-de-la-sacd-ou-exercice-de.html) La réalité est, comme toujours, simple à dire et dure à entendre: ce qui serait normal, ce serait de verser 25% des recettes à chacun des intervenants principaux de la soi-disant « chaîne du livre »: l’auteur, l’éditeur, le libraire et le diffuseur/distributeur. Toute autre proposition est forcément biaisée.

L'Autre Jour dit : octobre 19, 2015 à 9:18

Merci, Marie, pour ce billet dont, avec ta permission, je vais diffuser le lien auprès de collègues traducteurs oeuvrant dans des domaines autres que l’édition et qui ne sont donc pas forcément au fait de ce qui s’y pratique. Suis frustrée, je n’ai même pas trouvé de fôtes. ;( Quant au mot « autrice », je l’emploie aussi souvent que possible. Un nouvel article à son sujet ne sera pas de trop !

cactux dit : octobre 19, 2015 à 2:47

@Nicolas : pas d’accord :) Un travail ne mérite salaire que s’il est commandé (par celui qui paiera, donc). Si ça semble évident une fois écrit, ce n’est pas évident quand on parle des écrits d’un auteur. C’est du travail d’écrire, ça prend du temps, des efforts. Là on est d’accord. Mais ça ne justifie une rémunération que si on arrive à le vendre. C’est comme pour tout, y compris les pommes de terre : les produire c’est du travail, mais après il faut trouver des clients pour les acheter. Donc si on est d’accord sur ce postulat de départ, qui est de dire qu’il y a un commanditaire pour le travail en question, alors oui il mérite salaire. Sinon… hé bien non, pas forcément. Comme vous aimez les comparaisons : imaginez que je vienne creuser un trou dans votre jardin. Un beau trou, qui me prend des heures à creuser. Puis je le rebouche. C’est un sacré travail ! C’est des efforts ! Donc ça mérite salaire, donc vous me paierez. Oui ? Non ? ;-) Pour en revenir au sujet : je ne suis pas du tout un connaisseur du monde de l’écriture, des auteurs, des éditeurs, etc. Mais je connais bien internet et les nouvelles technos. Et de mon point de vue, les éditeurs sont en train de devenir obsolètes (au moins en partie), et ça ne leur plait pas ! Grâce à internet et à l’informatique, ces intermédiaires qui étaient indispensables deviennent des parasites (ok, là j’exagère peut-être une peu). Lire à ce sujet le début de cet article : https://yanncochard.com/34-bitcoins-bulle-ou-revolution-monnaie-electronique/ la partie sur la dématérialisation.

Marie Causse dit : octobre 19, 2015 à 2:54

Je me demande quand même si vous avez lu avant de commenter, mais je sais que c’est beaucoup demander. Je la refais donc : un système économique dans lequel la rémunération du seul créateur ne va pas de soi me semble problématique. Et en fait, contrairement au trou que vous creuseriez dans un jardin, un éditeur choisit les textes qu’il publie sans qu’ils lui soient imposés par l’auteur. Et internet est un monde tellement merveilleux en effet qu’on y voit fleurir des projets tels que celui Short Editions, dans lequel la rémunération de l’auteur ne semble pas être indispensable, et je ne trouve pas ça très rassurant.

Arsene_M dit : octobre 19, 2015 à 6:53

@cactux, le problème de la rémunération vient surtout du % reversé à l’auteur. Si tu travailles sur un livre durant un an, que la chaine du livre s’en empare et le vend pour au final ne te reverser que 8% alors non, le systéme n’est pas équitable. Après je comprend ton point de vue, si une œuvre est « nul » elle ne mérite pas d’être rémunéré. C’est une question à débat et de point de vue, mais actuellement un auteur est mal rémunéré même si son livre fait plusieurs milliers de ventes et ça c’est un problème. Concernant internet, je pense que c’est aussi l’endroit où l’on peut expérimenter des alternatives à l’édition actuelle. Je travaille sur un projet de ce type, l’idée est la suivante : si un auteur écrit durant un an pour vendre un livre à 3000 exemplaire (ce qui est déjà bien) pour ne finalement toucher que 2700 € ne pourrait-il pas à la place diffuser petit à petit ces travaux et bénéficier des dons réguliers (le régulier est important) de sa communauté de lecteur ? Évidement beaucoup de questions restent à régler, mais je me suis donné 2 ans pour mettre au point un prototype fonctionnel de cette « édition alternative ». En passant je suis ouvert à tous les avis, propositions, remarques, questions. Alors, ce n’est peut-être pas le sujet mais, que pensez-vous de ce systéme de rémunération ? Je vous invite à jeter un coup d’œil au travail de David Revoy (http://www.peppercarrot.com/fr/static3/webcomics) qui est ma principale source d’inspiration pour ce projet. @Marie merci pour l’article, c’est la première fois que je viens sur ton site et je vais y repasser.

24bits dit : octobre 19, 2015 à 7:59

Je ne veux pas me faire l’avocat du diable mais hélas je crains que l’article gagnerait à tenter de faire l’état du monde de l’édition, qui, on le sait, s’aggrave d’années en années. C’est un fait, les gens lisent moins ; ils ne sont pas plus cons (j’éviterais les raccourcis) mais ils sont sollicités par une offre culturelle de plus en plus importante (notamment cinématographique/audiovisuelle voire vidéoludique). Une maison d’édition, comme toute entreprise, possède ses coûts de fonctionnement, qui sont très difficilement malléables (la faute au code du travail). La seule manière de compenser les bénéfices décroissants revient donc à trouver le produit moins cher. Ici, le livre. L’auteur, le producteur, le créateur, ce que vous voulez, vend. Il n’est pas salarié. Il dépend de l’offre et de la demande. Libre à vous de vous vendre au prix que vous voulez. Libre à untel de vendre ses roses, ses tomates, son miel, au prix qu’il veut, quitte à se voir refuser par l’acheteur… C’est assez con de se plaindre des pratiques tarifaires que l’on accepte, non ? (Quand je dis on, je parle de la communauté d’auteurs). Hélas je crains que râler ne serve à rien. La marge de manoeuvre est inexistante ; il ne faut pas croire que les maisons d’éditions se gavent (bon certes les grands patrons ne sont pas à plaindre, mais une grosse maison ça reste de gros chiffres de ventes). Il n’y a pas moyen d’en réchapper à moins de revoir l’économie entière. Il existe encore beaucoup trop d’intermédiaires (et qui refusent/galèrent à lâcher leur pain), surtout à l’époque d’internet. Auteur/éditeur/imprimeur/distributeur/diffuseur/libraire…..Tous à se grappiller les 15 balles d’un bouquin (sans TVA…) L’édition littéraire, la production audiovisuelle, la diffusion, la grande distribution…Tous ces modèles économiques dont le principe est de vendre (par des façons trop coûteuses) le produit d’un autre et de se faire de l’argent grâce à lui, doivent disparaître et disparaîtront. Je suis optimiste et je pense qu’on est dans une période transitoire, qui redeviendra plus clémente plus tard, pour nous auteurs. De mon côté, j’ai abandonné l’idée de gagner ma vie grâce à la littérature (à moins d’obtenir un succès inattendu…). Heureusement, j’ai encore le cinéma et la télé qui payent…

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