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M. Raphael DUMAS. Université Claude Bernard - Lyon 1. Rapporteur. M. Franck ACCADBLED. Université Paul Sabatier - Toulou

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Faculté des Sciences du Sport Faculté de Médecine de Marseille

Thèse présentée pour obtenir le grade universitaire de docteur Discipline : ED-463 Sciences du Mouvement Humain Spécialité : Sciences du Mouvement Humain

Benjamin BLONDEL

ANALYSE TRIDIMENSIONNELLE DE LA POSTURE ET DE LA CINEMATIQUE RACHIDIENNE

Soutenue le 15 Décembre 2014 devant le jury : M. Raphael DUMAS M. Franck ACCADBLED Mme Elke VIEHWEGER M. Eric BERTON M. Olivier GILLE M. Jean-Noël ARGENSON M. Patrick TROPIANO M. Thierry HAUMONT

Université Claude Bernard - Lyon 1 Université Paul Sabatier - Toulouse 3 Aix-Marseille Université Aix-Marseille Université Université Bordeaux 2 Aix-Marseille Université Aix-Marseille Université Université de Caen

Rapporteur Rapporteur Directrice de thèse Examinateur Examinateur Examinateur Examinateur Examinateur

1

Ce travail de thèse a été préparé au sein de l’Ecole Doctorale 463 : Sciences du Mouvement Humain et du Laboratoire d’Analyse du Mouvement (Faculté de Médecine de Marseille, Hôpital Timone Enfants).

2

Je tiens à remercier les membres du jury d’avoir accepté de juger ce travail.

Je remercie également tout particulièrement : Les Pr Bollini et Jouve pour leur confiance depuis longtemps Vincent Pomero à l’origine du protocole et pour ses conseils avisés Bertrand Moal, le cerveau tout simplement Guillaume Authier et Elisabeth Castanier du laboratoire d’analyse du mouvement Frank Schwab, Thomas Errico, Jean-Pierre Farcy, toute l’équipe du laboratoire de New-York et l’ISSG pour leur accueil aux USA Grégory Armaganian, qui mettait des clous gamma à ma place pour me libérer du temps Nathalie Roustan pour son aide précieuse Alain Jaubert pour la relecture digne du journal « Le Monde » Bien sur toute ma grande Famille !

Encore Merci : A Elke, plus qu’une directrice de thèse, tu m’as accompagné et soutenu dans ce travail, j’espère que tu en seras fière Au Pr Tropiano qui me supporte tout les jours, tout en me laissant évoluer et me transmettant l’amour et la rigueur de la chirurgie du rachis Au Pr Fuentes, pour plein de choses et à l’avenir !

Enfin à Virginie Lafage, comme plein de mots ne suffiront jamais pour te dire ce que je voudrais, j’écrirais seulement MERCI ! (le reste plus tard promis)

Pour Marie-Perrine et Basile, je vous aime !

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Titre : Analyse tridimensionnelle de la posture et de la cinématique rachidienne Résumé : L’analyse de la posture constitue un élément fondamental dans l’évaluation diagnostique et thérapeutique des patients atteints de déformations rachidiennes. Classiquement basée en pratique courante sur des radiographies du rachis en totalité, de nombreux paramètres posturaux ont été décrits et corrélés à la qualité de vie des patients. Toutefois, l’analyse radiographique conventionnelle ne permet pas systématiquement d’appréhender la posture véritable d’un individu. Une approche biomécanique de la posture en laboratoire d’analyse du mouvement permet donc de s’affranchir de ces contraintes et de caractériser la posture à l’aide de nouveaux paramètres. Un protocole spécifique biomécanique d’analyse de la posture, utilisant des plateformes de force et un système optoélectronique, a été développé afin de caractériser la posture libre d’un individu. Les modifications posturales biomécaniques ont ainsi été analysées sur une cohorte pédiatrique afin d’en suivre l’évolution en fonction de l’âge. D’autre part, ce protocole d’analyse peut ensuite être adapté à la pratique clinique quotidienne en couplant les données issues de la radiographie à celles d’une plateforme de pression. L’analyse d’une cohorte de volontaires sains a ainsi été réalisée, confirmant la faisabilité technique du calcul des moments nets inter segmentaires à l’aide de radiographies et d’une plateforme de pression. Les résultats de ce travail mettent en évidence la faisabilité et la fiabilité du protocole de mesure des moments inter-segmentaires. Ces résultats ouvrent des perspectives en pratique clinique courante avec la possibilité de réaliser cette analyse en pré et postopératoire a des fins diagnostics mais également pour évaluer l’influence du traitement chirurgical sur la modification des contraintes exercées sur le rachis. Mots clés : posture, biomécanique, rachis, analyse du mouvement Title: Postural and kinematic tridimensional analysis of the spine Summary: Postural analysis is of primary importance for clinical and therapeutic evaluation of spinal deformity patients. This evaluation is currently based on full-spine radiographs and various parameters have been described and correlated with health related quality of life scores. However, this radiographic analysis is not applicable to every patient and can be sometimes misleading for physicians. A biomechanical postural approach using gait analysis is therefore necessary in order to avoid limits from the radiographic analysis. It provides new parameters for postural evaluation. A dedicated biomechanical “free-posture” protocol has been developed using force plates and gait analysis markers. Results from this approach revealed the reliability of the inter-segmental moment’s measurements. Evolution of postural parameters during growth according to age was also described using a pediatric cohort. Concurrently, this biomechanical protocol can also be adapted to daily clinical practice, by the combination of a pressure platform and full-spine x-rays. Reliability of this combination was reported on a cohort of volunteers on whom spinal constraints were measured. These results are a source for potential new methods of postural outcomes evaluation in daily practice as they can be calculated during preoperative and postoperative courses. Keywords: posture, biomechanics, spine, gait analysis

4

Table des matières Introduction............................................................................................................................................. 7 L’évaluation de la posture rachidienne est-elle toujours d’actualité ? ................................................... 7 Hypothèses de travail .............................................................................................................................. 9 PARTIE I : Posture radiologique ............................................................................................................. 10 Bases théoriques de la posture normale............................................................................................... 10 Définition des paramètres radiographiques ..................................................................................... 10 Paramètres rachidiens régionaux .................................................................................................. 11 Paramètres rachidiens globaux ..................................................................................................... 12 Paramètres pelviens ...................................................................................................................... 14 Corrélations bassin-rachis et entre les paramètres sagittaux ........................................................... 16 Recherche d’application clinique sur les interactions sagittal-coronal hanches-rachis.................... 17 Projet 1 : Cohorte Adulte............................................................................................................... 17 Projet 2 : Cohorte pédiatrique ...................................................................................................... 20 Conclusion interactions sagittal-coronal du complexe hanches-rachis ........................................ 21 Recherche d’application clinique en fonction de l’âge et des pathologies rachidiennes ..................... 22 Projet 3 : Modifications sagittales rachidiennes liées au vieillissement ........................................... 22 Analyse des postures pathologiques ................................................................................................. 24 Déformations dans le plan coronal ............................................................................................... 24 Déformations dans le plan sagittal ................................................................................................ 25 Projet 4 : Classification des déformations ......................................................................................... 27 Conclusion Partie I ................................................................................................................................. 30 PARTIE II : Approche biomécanique de la posture ................................................................................ 31 Développement du protocole biomécanique d’évaluation de la posture ............................................ 31 Projet 5 : Description du protocole d’analyse ................................................................................... 34 Projet 6 : Validation du protocole d’analyse et mesure de l’erreur expérimentale ......................... 41 Influence des mouvements sagittaux sur les résultats expérimentaux ............................................ 44 Comparaison du protocole à l’analyse radiographique conventionnelle ............................................. 46 Comparaison posture libre vs. posture radiologique ........................................................................ 46 Projet 7 : Approche clinique en radiologie conventionnelle du protocole d’analyse biomécanique 47 Conclusion Partie II ................................................................................................................................ 49

5

PARTIE III : Applications en pratique clinique ....................................................................................... 50 Projet 8 : Analyse clinique pré et postopératoire, objectifs de réalignement .................................. 51 Corrélations entre déséquilibre sagittal et qualité de vie ............................................................. 51 Principe de prise en charge chirurgicale des déséquilibres sagittaux ........................................... 53 Projet 9 : Interactions réciproques des paramètres posturaux sagittaux en postopératoire....... 58 Projet 10 : Elaboration d’objectifs de réalignement ..................................................................... 63 Projet 11 : Etude combinée d’une cohorte de volontaires sains .......................................................... 65 Introduction....................................................................................................................................... 65 Matériel et méthodes........................................................................................................................ 65 Résultats ............................................................................................................................................ 67 Discussion .......................................................................................................................................... 68 Projet 12 : Analyse en analyse du mouvement d’une cohorte pédiatrique ......................................... 69 Introduction....................................................................................................................................... 69 Matériel et méthodes........................................................................................................................ 70 Population incluse ......................................................................................................................... 70 Données anthropométriques ........................................................................................................ 70 Analyse du mouvement................................................................................................................. 70 Acquisition des données................................................................................................................ 72 Paramètres étudiés ....................................................................................................................... 74 Analyse statistique ........................................................................................................................ 76 Résultats ............................................................................................................................................ 77 Population incluse ......................................................................................................................... 77 Analyse de la marche : étude cinématique ................................................................................... 78 Analyse de la marche : étude cinétique ........................................................................................ 82 Discussion .......................................................................................................................................... 87 Evolution des paramètres vertébraux au cours de la croissance .................................................. 87 Evolution des courbures vertébrales et cinématique globale du tronc ........................................ 89 Evolution cinétique des contraintes rachidiennes au cours de la croissance ............................... 90 Conclusion ......................................................................................................................................... 92 Conclusion Partie III ............................................................................................................................... 93 Conclusion générale et Perspectives ..................................................................................................... 94 Références ............................................................................................................................................. 97 Annexes ............................................................................................................................................... 103

6

Introduction L’évaluation de la posture rachidienne est-elle toujours d’actualité ? Les pathologies rachidiennes sont en augmentation du fait de l’augmentation de l’espérance de vie et représentent à l’heure actuelle un véritable enjeu de santé publique. En effet, il s’agit d’une des principales causes de consultation médicale et d’arrêts de travail. Une évaluation clinique précise des patients est donc indispensable afin de localiser l’origine de la symptomatologie douloureuse et du handicap fonctionnel et de proposer la prise en charge thérapeutique la plus appropriée à chaque patient. Ceci est particulièrement vrai pour l’ensemble des patients (adultes ou enfants) présentant un déséquilibre rachidien avec une modification des contraintes sur la colonne vertébrale. Selon les déformations, une correction chirurgicale peut améliorer la symptomatologie, mais ceci repose sur une correction suffisante et adaptée de leur déséquilibre postural. Cette évaluation posturale doit donc faire partie aussi bien du bilan initial qu’une fois la prise en charge réalisée. En pratique clinique, la posture est, à l’heure actuelle, essentiellement basée sur des analyses radiologiques statiques permettant l’exploration du positionnement du squelette à un instant donné. Cette approche est particulièrement délicate car elle repose uniquement sur un instantané d’un équilibre global en perpétuel mouvement. L’alignement sagittal radiologique est l’objet d’une attention particulière du fait de son caractère fortement lié aux scores de qualité de vie aussi bien chez les volontaires sains que chez les patients porteurs de déformations rachidiennes. La bipédie permanente, caractéristique propre à l’Homme a nécessité des adaptations progressives de son système ostéoarticulaire et musculaire au cours de l’Evolution. Les deux conditions indispensables à une station érigée étant d’assurer une horizontalité du regard et de maintenir le centre de gravité du corps au dessus du socle de sustentation. Il en résulte ainsi une attitude la plus économique possible en termes de dépense énergétique. Cette bipédie implique donc une posture spécifique pouvant se définir comme la position du corps ou d’une de ses parties dans l’espace. 7

Cependant, prise isolément cette posture reflète un élément figé à un instant donné, différent de la notion d’équilibre qui correspond à l’ensemble des modifications permanentes de notre posture. Il est donc logique d’un point de vue clinique d’aborder la posture rachidienne à l’aide d’une analyse radiologique qui est la seule technique disponible en pratique quotidienne. Cette approche radiologique ne permet cependant pas d’évaluer les patients lors de leur posture habituelle car elle nécessite de placer les sujet dans une position standardisée. De la même façon, il n’est pas possible par cette approche radiologique de quantifier les contraintes qui s’exercent sur le rachis dans la vie quotidienne. Une approche biomécanique est donc indispensable afin de fournir de nouveaux éléments d’analyse plus proches de la notion d’équilibre sagittal ; d’évaluer les patients dans leur posture réelle et de quantifier les contraintes exercées sur la colonne vertébrale en pré et postopératoire. L’analyse en laboratoire du mouvement est actuellement le Gold standard en clinique courante pour l’évaluation des membres inférieurs et les pathologies évaluées sont de plus en plus nombreuses autant chez l’enfant que chez l’adulte. En revanche, les protocoles d’évaluation du rachis restent actuellement rares et du domaine de la recherche et n’ont pas encore trouvé leur place en pratique courante. Il convient alors de développer un protocole d’analyse spécifique utilisable en pratique courante ainsi que les techniques d’analyses associées à ce protocole afin de caractériser la posture biomécanique sur des volontaires sains puis des sujets porteurs de déformations rachidiennes.

8

Hypothèses de travail La description d’une posture radiographique et de l’équilibre sagittal d’un individu correspondant à des notions différentes, il apparait essentiel en pratique clinique d’obtenir une évaluation la plus fiable possible d’un individu afin de proposer un traitement optimisé de sa pathologie. Pour cela, il convient également de décrire des valeurs normatives sur des volontaires sains pouvant servir de références ultérieures pour les sujets pathologiques. Nous avons donc, dans ce travail de thèse, abordé la problématique de la posture rachidienne au travers de deux axes de recherche : celui de la pratique clinique couramment utilisée à l’heure actuelle et celui d’une approche biomécanique en développant un modèle spécifique en analyse du mouvement. Les hypothèses scientifiques de ce travail étaient donc les suivantes : -

L’analyse de la posture radiologique d’un individu est primordiale à des fins diagnostiques et thérapeutiques.

-

L’analyse posturale radiologique classique ne permet pas une évaluation satisfaisante de la posture véritable d’un individu.

-

Il est possible de caractériser la posture d’un individu par une approche biomécanique en s’affranchissant des contraintes radiographiques.

-

A partir d’un modèle biomécanique fiable et reproductible, il est possible d’intégrer les paramètres posturaux issus de l’analyse du mouvement à la pratique clinique quotidienne.

Les différentes publications issues du travail de thèse sont présentées dans chaque chapitre correspondant. Les articles dans leur intégralité ainsi que les différentes communications scientifiques en rapport avec ce travail sont présentés dans les annexes.

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PARTIE I : Posture radiologique Pour initier notre travail de recherche, nous avons donc émis deux hypothèses concernant la posture radiologique : d’une part l’évaluation de la posture radiologique est primordiale à des fins diagnostiques et thérapeutiques ; d’autre part l’analyse posturale classique ne permet pas une évaluation satisfaisante de la posture biomécanique vertébrale d’un individu. Nous décrivons ainsi dans cette première partie les paramètres radiographiques habituellement utilisés en pratique clinique, puis nous décrivons au travers de plusieurs projets de recherche leurs applications à partir de cohortes de volontaires.

Bases théoriques de la posture normale Définition des paramètres radiographiques Les paramètres décrivant l’alignement sagittal du rachis sont multiples et ont été décrits principalement au cours des vingt dernières années. Il s’agit de paramètres radiographiques mesurés sur des clichés de la colonne vertébrale en totalité, de profil nécessitant une vision minimale allant des conduits auditifs externes aux têtes fémorales. Il est donc nécessaire de placer les sujets dans une position standardisée afin de garantir une qualité suffisante des acquisitions radiologiques. Leur description est basée sur des mesures angulaires et des distances permettant de décrire l’alignement rachidien normal ainsi que les mécanismes de compensation intervenant lors des déformations rachidiennes.

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Paramètres rachidiens régionaux Ces paramètres (figure 1) décrivent les courbures sagittales normales visibles sur une radiographie du rachis en totalité de profil. Leur valeurs normatives sont variables du fait de leur interdépendance, avec dans le sens crânio-caudal : -

La lordose cervicale, mesurée entre C2 et C7, avec une valeur moyenne de 5°, variable car dépendante de la cyphose thoracique et de la pente de T1.

-

La cyphose thoracique, mesurée entre T4 et T12, avec des valeurs moyennes comprises entre 20 et 40° [1, 2].

-

La lordose lombaire, mesurée entre L1 et S1, avec des valeurs moyennes comprises entre 30 et 80° [1, 2].

En l’absence de pathologie, ces courbures sagittales sont proportionnelles les unes aux autres.

Figure 1 : Paramètres régionaux de l’alignement sagittal

11

Paramètres rachidiens globaux Il s’agit de paramètres évaluant l’alignement global de la colonne vertébrale par rapport aux têtes fémorales. Il est ainsi possible de décrire un alignement global neutre, antérieur ou postérieur. D’un point de vue clinique, un alignement normal est considéré comme neutre ou postérieur en fonction de l’âge ; inversement en cas de déformation rachidienne la traduction radiologique se fait le plus fréquemment vers un déséquilibre antérieur du rachis. Les deux paramètres les plus souvent utilisés sont : -

La distance entre la verticale issue de C7 et le coin postéro-supérieur du sacrum ou SVA pour Sagittal Vertical Axis (figure 2) dont les valeurs normales sont comprises entre 0 et 5cm [1]. Une valeur < 0 cm correspond à un alignement postérieur et > 5 cm à un déséquilibre antérieur (figure 2). La principale limite de ce paramètre tient au fait qu’il s’agit d’une distance, nécessitant une calibration des radiographies.

-

La gite sagittale de T1, définit comme l’angle entre la verticale et une droite joignant le centre des têtes fémorales au centre de T1 (figure 3). Ses valeurs normatives sont comprises entre -9° et +7° [2].

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Figure 2 : Distance entre la verticale issue de C7 et le coin postéro-supérieur du sacrum (gauche), et exemple d’alignement postérieur (centre) ou antérieur (droite).

Figure 3 : Gite sagittale de T1 (gauche), alignement postérieur (centre) et antérieur (droite).

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Paramètres pelviens L’analyse de la posture était initialement limitée aux seuls paramètres rachidiens, mais il est apparu indispensable d’y inclure le bassin. En effet, le bassin, véritable vertèbre pelvienne agit comme un os intercalaire entre le rachis et les membres inférieurs. Sa morphologie détermine l’amplitude des courbures sus-jacentes et il agit comme un moyen de compensation des déséquilibres antérieurs lors des déformations rachidiennes. Duval-Beaupère [3, 4] a décrit trois paramètres essentiels (figure 4) : -

L’incidence pelvienne (IP), moyenne 52°, définie comme l’angle entre la droite passant par le centre des têtes fémorales et le milieu du plateau sacré et la perpendiculaire au milieu du plateau sacré. L’incidence pelvienne est un paramètre anatomique (indépendant de la position du bassin dans l’espace) et est également corrélée à la lordose lombaire théorique idéale comme approximation LL= IP +/-10°. Ainsi, en cas de forte incidence (sacrum horizontal) il existera des courbures sus-jacentes importantes et inversement en cas de faible incidence (sacrum vertical) (figure 5).

-

La pente sacrée (PS), moyenne 40.6°, définie comme l’angle entre le plateau sacré et l’horizontale (figure 4).

-

La version pelvienne (VP), moyenne 11.4°, définie comme l’angle entre la droite joignant le centre des têtes fémorales et le centre du plateau sacré avec la verticale (figure 4).

Les différents paramètres sont liés entre eux par la formule IP = VP + PS.

14

Figure 4 : Paramètres pelviens de l’alignement sagittal.

Figure 5 : Morphologie rachidienne en fonction de l’incidence pelvienne (Forte IP à gauche, faible IP à droite).

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Corrélations bassin-rachis et entre les paramètres sagittaux L’analyse des différents paramètres de l’alignement sagittal sur des volontaires sains a permis de confirmer les interdépendances entre le bassin et la colonne vertébrale. Il s’agit en réalité d’une véritable chaine de corrélation [5]. Ainsi la pente sacrée est fortement corrélée à l’incidence pelvienne. Ces deux paramètres sont statistiquement corrélés à la lordose lombaire qui est ellemême corrélée à la cyphose thoracique (Figure 6). Ces différentes corrélations sont particulièrement importantes en pratique clinique aussi bien pour le diagnostic que pour le traitement des déformations rachidiennes.

Figure 6 : Corrélations entre les paramètres pelviens et rachidiens.

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Recherche d’application clinique sur les interactions sagittal-coronal hanches-rachis L’analyse clinique et radiologique de la posture est basée essentiellement sur des paramètres sagittaux, incluant le bassin. Ce qui est une évidence lorsqu’on analyse la colonne vertébrale, ne l’est pas forcément lorsqu’il s’agit de pathologies de hanches. Ainsi, en pratique quotidienne, l’évaluation d’une hanche normale, arthrosique ou dysplasique se fait essentiellement par l’obtention de clichés de face du bassin sur lesquels la mesure de la version pelvienne est impossible. L’implication de la colonne vertébrale et notamment de la rétroversion pelvienne a cependant été rapportée notamment lors d’épisodes de luxations de prothèse totale de hanche [6]. La version pelvienne agit comme un mécanisme de compensation en cas de déséquilibre antérieur par perte de lordose avec une rétroversion croissante du bassin. Il en résulte alors une modification de l’antéversion fonctionnelle acétabulaire dont le clinicien doit tenir compte en préopératoire soit pour adapter le positionnement de ces implants, soit en évaluant précisément l’alignement sagittal rachidien. Il est donc crucial de prendre en compte ces relations hanches-rachis et de pouvoir évaluer la version pelvienne même si l’on ne possède qu’un cliché du bassin de face. Nous avons ainsi réalisé l’exploration de deux cohortes afin d’analyser les interactions sagittalcoronal du complexe hanches-rachis ; une portant sur des volontaires adultes, la deuxième sur une population pédiatrique. Projet 1 : Cohorte Adulte Matériel et Méthodes 71 patients adultes (porteurs ou non de pathologies rachidiennes) ont été inclus dans cette étude (approuvée par un comité d’éthique) pour lesquels étaient obtenus des clichés du rachis en totalité de face et de profil. Pour chaque patient, la VP était mesurée sur le cliché de profil, puis l’angle sacrofémoro-pubien (angle SFP défini entre le milieu du plateau sacré, le centre de la tête fémorale et le sommet de la symphyse pubienne, figure 7) était mesuré à l’aide du logiciel SpineView® (Surgiview,

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Paris, France). Une corrélation entre ces deux angles était recherchée par un test de Pearson et une régression multilinéaire.

Figure 7 : Angle SFP mesuré entre le milieu du plateau sacré, le centre de la tête fémorale et le sommet de la symphyse pubienne. Résultats Les résultats de ce travail mettaient en évidence la corrélation significative entre le VP et l’angle SFP r=0.74, p60 ans

51 ± 9

16 ± 6

36 ± 9

57 ± 11

-44 ± 12

-12 ± 6

-11 ± 20

Tableau 1 : Modifications des paramètres sagittaux en fonction de l’âge.

Figure 11 : Sujet avec une augmentation de la cyphose thoracique et une perte de lordose lombaire. Compensation par rétroversion pelvienne et flessum des membres inférieurs. Blondel B, Lafage V, Schwab F. Following spinal deformity surgery patients into older age (Review). Aging Health, August 2011, Vol. 7 (4), 619-32. 23

Analyse des postures pathologiques Les déformations rachidiennes correspondent à un ensemble de pathologies variées avec des symptomatologies diverses incluant principalement des douleurs lombaires et des radiculalgies. Les principales déformations entrainant des modifications de posture sont les scolioses thoraciques et lombaires. Deux entités différentes aussi bien au niveau de la physiopathologie, que de la stratégie thérapeutique sont principalement décrites : la scoliose idiopathique de l’adolescent et la scoliose dégénérative de l’adulte. Ces déformations ont toutefois en commun la survenue de troubles de l’alignement sagittal. D’autre part leur évaluation radiographique repose sur les mêmes paramètres. Dans ce chapitre nous rapportons les résultats d’études d’applications cliniques effectuées sur l’évaluation, la classification, les objectifs et résultats de leur prise en charge. Déformations dans le plan coronal Bien qu’il ait été démontré l’importance majeure de l’alignement rachidien dans le plan sagittal, le diagnostic et l’évaluation de l’importance de la courbure rachidienne se fait sur des radiographies de face. En effet, l’obtention d’un cliché du rachis en totalité de face incluant les têtes fémorales va permettre de localiser la déformation (thoracique, thoracolombaire ou lombaire) et de quantifier son importance. Le principal paramètre est l’angle de Cobb, mesuré entre les plateaux vertébraux des deux vertèbres les plus inclinées de la déformation. Des angles de Cobb annexes peuvent également être mesurés sur les courbures adjacentes à la courbure principale. L’alignement global du rachis dans le plan coronal peut s’évaluer par la mesure de la distance entre le milieu du plateau sacré et la verticale issue de C7. Ainsi une courbure sera dite équilibrée si la verticale issue de C7 passe par le milieu du plateau sacré. Aux extrémités de la courbure, la mesure d’un angle claviculaire renseigne sur l’asymétrie des épaules et en distale l’obliquité pelvienne peut être mesuré.

24

Déformations dans le plan sagittal Comme décrit précédemment sur les sujets sains, chez les patients porteurs de déformations rachidiennes, les paramètres de l’alignement sagittal ont une importance croissante. La mesure de ces paramètres va permettre de décrire l’impact de la déformation sur la posture radiologique et sert de guide au planning thérapeutique. La répercussion habituelle des déformations rachidiennes de l’adulte entraine un déséquilibre antérieur par une perte de lordose (figure 12). Ce déséquilibre étant suivi d’une rétroversion pelvienne et d’une augmentation de la lordose cervicale afin de maintenir un regard horizontal.

Figure 12: Patient avec une déformation rachidienne, évaluation coronale et sagittale (perte de lordose, déséquilibre antérieur, rétroversion pelvienne) L’implication du rachis thoracolombaire dans les déformations rachidiennes a été largement rapportée dans la littérature, contrairement aux données concernant le rachis cervical. Nous avons donc analysé l’alignement sagittal du rachis cervical et son implication dans les déformations rachidiennes. Les données issues d’une cohorte de 55 sujets permettaient d’évaluer la chaine de corrélation entre bassin et rachis cervical. Les résultats mettaient en évidence une corrélation statistiquement significative entre la VP et la lordose cervicale (r=0.31, p30° avec un apex supérieur ou égal à T9.

-

L : Courbe majeure lombaire ou thoracolombaire >30° avec un apex inférieur ou égal à T10.

-

D : double courbe majeure >30° chacune

-

N : Absence de courbure coronale >30°.

27

Les 3 modificateurs comprenaient l’adéquation entre l’Incidence Pelvienne et la lordose lombaire (PILL), la version pelvienne (PT) et la distance entre la verticale issue de C7 et le coin postéro-supérieur du sacrum (SVA).

Figure 14 : Classification SRS-Schwab des déformations de l’adulte comportant le type de courbure et 3 modificateurs sagittaux. Résultats La répétabilité et reproductibilité de la classification étaient évaluées par la gradation de 21 cas prémarqués (figure 15), à deux reprises par neuf lecteurs avec une semaine d’intervalle. Les résultats retrouvaient un excellent agrément intra et inter-observateur (Tableau 2).

Tableau 2 : Fiabilité inter-observateur de la classification entre les 2 lectures.

28

Figure 15 : Exemple d’une déformation L, PI-LL +, PT+, SVA+ selon la classification SRS-Schwab Récemment, la fiabilité de la classification a été testée en utilisant des radiographies non marquées, selon le même protocole afin d’évaluer son impact en pratique quotidienne. Les résultats sont résumés dans le tableau 3.

Inter-rater Reliability: Fleiss' Kappa Values Curve Type

PI-LL

PT

SVA

Lecture 1

0.69

0.51

0.70

0.87

Lecture 2

0.72

0.58

0.65

0.87

Moyenne

0.71

0.54

0.67

0.87

Tableau 3 : Fiabilité inter-observateur de la classification entre les 2 lectures sur radiographies non marquées. Schwab F, Ungar B, Blondel B, Buchowski J, Coe J, Deinlein D, Dewald C, Mehdian H, Shaffrey C, Tribus C, Lafage V. SRS-Schwab Adult Spinal Deformity Classification: A Validation Study. Spine (Phila Pa 1976). 2012 May 20;37(12):1077-82. Blondel B, Demakakos J, Ungar B, Buchowski J, Coe J, Deinlein D, DeWald C, Mehdian H, Shaffrey C, Tribus C, Lafage V, Schwab F. Unmarked Image Validation of the SRS-Schwab Adult Deformity Classification. Soumis à Journal of Spinal Deformity

29

Conclusion Partie I Les données de la littérature décrivant les paramètres sagittaux de la posture radiologique sont maintenant largement admises et utilisées en pratique clinique. Les résultats des différents travaux réalisés dans cette partie du travail de thèse sont concordants avec les données acquises et renforcent l’impact clinique de cette évaluation radiologique. Nous apportons ainsi une réponse à la première hypothèse de travail en confirmant le rôle essentiel de l’évaluation radiographique dans l’analyse clinique des déséquilibres rachidiens aussi bien à des fins diagnostics que pronostics et thérapeutiques. En effet, cette évaluation radiologique représente une base indispensable de travail pour une évaluation posturale. La connaissance des principaux paramètres sagittaux, leurs modifications en fonction de l’âge ainsi que leurs corrélations avec le plan coronal sont des éléments indispensables à la compréhension des situations pathologiques et à l’élaboration d’une stratégie thérapeutique. Néanmoins, cette analyse radiologique présente également certaines limites rendant une approche complémentaire biomécanique indispensable dans l’évaluation de la posture d’un individu.

30

PARTIE II : Approche biomécanique de la posture Nous avons, dans la première partie, de ce travail de thèse confirmé le rôle essentiel de l’analyse radiologique dans l’évaluation de la posture en pratique clinique. Il existe cependant des limites à ces analyses notamment liées à l’environnement radiologique contraint pouvant ne pas refléter la posture réelle d’un individu. Une approche biomécanique de la posture en laboratoire d’analyse du mouvement est essentiel pour s’affranchir de ces contraintes et de caractériser la posture à l’aide de nouveaux paramètres. Nous avons donc développé un modèle spécifique biomécanique d’analyse de la posture afin de répondre aux hypothèses de travail ainsi formulées : -

L’analyse posturale radiologique classique ne permet pas toujours une évaluation satisfaisante de la posture véritable d’un individu.

-

Il est possible de caractériser la posture d’un individu par une approche biomécanique en s’affranchissant des contraintes radiographiques.

Développement du protocole biomécanique d’évaluation de la posture Les corrélations radio-cliniques de la posture sagittale rachidienne ont été démontrées dans la littérature. Toutefois, ces études ont été conduites le plus souvent sur des acquisitions radiographiques standards bidimensionnelles. Le développement récent de système d’imagerie permettant des reconstructions tridimensionnelles de l’ensemble du rachis [11, 12] a permis d’améliorer la compréhension de ces mécanismes posturaux complexes. Des différences significatives entres les analyses 2D et celles en 3D avec plateforme de force ont ainsi été rapportés dans la littérature [13, 14]. Il existe cependant des limites inhérentes à ces évaluations. D’une part, l’équilibre sagittal et la posture sont des éléments dynamiques impliquant de nombreuses interactions réciproques permanentes, d’autre part, l’acquisition radiographique doit s’acquitter de plusieurs paramètres garantissant une image de qualité. 31

Ainsi, chez certains patients avec un déséquilibre antérieur (figure 22) ou lors du vieillissement, la réalisation de la radiographie de profil nécessite de placer le patient dans une position spécifique entrainant alors un véritable changement de sa posture habituelle. L’analyse du cliché obtenu ne correspond donc pas à l’équilibre postural naturel, spécifique du patient [15]. C’est notamment le cas des sujets présentant une cyphose dégénérative qui se positionnent en lordose maximum à l’instant du cliché ou dans les spondylolisthésis à grand déplacement de l’enfant où il existe une bascule globale du tronc en avant [16].

Figure 22 : Exemple de risque d’erreur dans l’analyse posturale d’un patient présentant un déséquilibre antérieur. A gauche le déficit est compensé par un flessum des membres inférieurs, à droite apparition du déséquilibre lors de l’extension des genoux.

32

Les gold-standard habituels de quantification de la posture sont uniquement basés sur des mesures angulaires et linéaires bidimensionnels [5, 8, 10]. L’évaluation de la posture peut cependant être envisagée

selon

d’autres

paramètres

corrélant

les

données

issues

de

l’acquisition

stéréoradiographique couplée à une plateforme de force et celles fournies en laboratoire d’analyse du mouvement lors d’une posture libre. A l’aide de marqueurs optoélectroniques et d’une plateforme de force, cette nouvelle approche permettrait de quantifier le torseur des efforts externes aux niveaux des différents centres articulaires. Il serait alors possible de caractériser la posture en termes d’efforts, d’en analyser la variabilité au cours du temps et de décrire les différences éventuelles entre posture naturelle des patients et celle imposée par la réalisation des radiographies. Différents protocoles biomécaniques ont été développés précédemment, portant sur des acquisitions posturographiques [17] ou analysant des données angulaires lors de la marche [18, 19]. Des modèles d’analyse du tronc sont également disponibles, mais comme rapporté par Leardini et al. La définition du set de marqueurs et des plans de référence est indispensable avant une interprétation des résultats en pratique clinique. Les résultats de ces différents travaux fournissent des éléments essentiels à la compréhension des troubles posturaux. En effet, ils mettent en évidence l’altération du contrôle postural chez les patients porteurs de déformations rachidiennes ainsi que les mécanismes compensatoires mis en jeu. Toutefois, ces protocoles n’évaluent pas les contraintes exercées sur le rachis en pré et postopératoire. Nous avons donc développé un protocole d’analyse spécifique permettant de caractériser ces efforts nets aux niveaux de différents segments corporels afin d’analyser la posture biomécanique d’un individu.

33

Projet 5 : Description du protocole d’analyse L’ensemble des enregistrements a été effectué à l’aide d’un système optoélectronique Vicon (Vicon, Oxford, UK) constitué de six cameras haute résolution à éclairage infrarouge et d’une fréquence d’échantillonnage de 100Hz recueillant la position des marqueurs passifs retro réfléchissants, et de deux plateformes de force (AMTI, USA). Ce protocole était basé sur un ensemble de marqueurs nécessaires à l’obtention des paramètres posturaux et aux calculs des torseurs des efforts externes au niveau des différents centres articulaires. Le choix a été réalisé sur la base des travaux de Dumas et al.[20] ainsi que ceux de Wu et al.[21, 22] élaborés à partir des recommandations de l’International Society of Biomechanics. La localisation des marqueurs a été choisie afin de permettre la caractérisation des centres de masse des segments corporels à partir de points anatomiques facilement palpables. Ce jeu de marqueurs permettait de modéliser le sujet en 10 segments corporels (tête, thorax, abdomen, bassin, ainsi que les deux cuisses, jambes et pieds), qui permettaient ensuite le calcul des efforts nets exercés aux différents centres articulaires. La mise en place des marqueurs été réalisée par un opérateur entrainé sur les points cutanés définis comme suit (figure 23) : Sur le segment céphalique : vertex, sellion et les 2 tragus. Sur le segment thoracique : acromion droit et gauche, manubrium sternal et face antérieure de la xiphoïde. Sur le rachis, des marqueurs étaient positionnés au niveau des processus épineux de C7, T8 et T12, ainsi qu’un marqueur appelé mi-thoracique en T6 permettant de caractériser la courbure thoracique. Sur le segment lombaire : La caractérisation du segment lombaire faisait appel à des marqueurs situés sur les segments sus et sous-jacents (T12 et S1), définissant ainsi la charnière thoracolombaire (centre articulaire de T12-L1) et lombosacrée (centre articulaire de L5-S1). Un marqueur supplémentaire, appelé mi-lombaire, en L3 était positionné afin de pouvoir caractériser la courbure lombaire. 34

Au niveau du bassin : un capteur sacré (au milieu du segment joignant les deux épines iliaques postéro-supérieures), et un capteur sur chacune des épines iliaques antéro-supérieures. Sur les segments « cuisse » : sur chaque membre inferieur le grand trochanter, les condyles fémoraux interne et externe, Sur les segments « jambe » : sur chaque membre inferieur la tête de la fibula, la tubérosité tibiale antérieure ainsi que les malléoles interne et externe. Sur les segments « pied » : calcanéum et têtes des 1er et 5ème métatarsiens de chaque côté.

Figure 23 : Disposition des marqueurs permettant la description de la posture biomécanique

35

Après la mise en place des marqueurs, le sujet avait pour instruction d’adopter une position libre, sans aucune contrainte ou support externe. Le sujet se tenait debout, les bras le long du corps, le regard à l’horizontale, chacun des deux pieds sur une plateforme de force. Au total, 4 acquisitions successives de plusieurs secondes ont été réalisées sans modification du positionnement des marqueurs et avec un intervalle de quelques minutes entre les enregistrements pendant lesquelles il était demandé au sujet de déambuler dans le laboratoire.

A partir des coordonnées 3D des marqueurs reconstruits, le protocole a permis d'obtenir les efforts nets au niveau des centres articulaires, à chaque instant de l'acquisition. Les calculs pouvaient se décomposer en 5 étapes, décrites ci-dessous (figures 24 à 27) : Les centres articulaires étaient calculés à partir des coordonnées des marqueurs, suivant le protocole décrit par Dumas et al.[20].

Figure 24 : Détermination des centres articulaires après reconstruction du jeu de marqueurs

36

Les longueurs segmentaires étaient alors déduites à partir des distances entre les centres articulaires.

Figure 25 : Calcul des centres articulaires et des longueurs segmentaires

Les repères segmentaires sont alors déterminés, suivant Wu et al. [21, 22].

Figure 26 : Intégration des centres de masses

Connaissant le poids et la taille du sujet, les masses, les coordonnées des centres de masses et les caractéristiques inertielles des segments étaient déduites à partir de données anthropométriques générales moyennées selon Dumas et al.[20].

37

Enfin, la connaissance des efforts mesurés au sol par les plateaux de forces (un pour chaque pied) permet de calculer les efforts nets articulaires entre chaque segment corporel.

Figure 27 : Calcul des efforts nets articulaires issus des efforts mesurés au sol

38

Au total, les efforts nets articulaires sont calculés pour : les chevilles, genoux, et hanches, ainsi qu’au niveau des charnières lombo-sacrée (centre articulaire L5-S1), thoracolombaire (centre articulaire T12-L1) et cervico-thoracique (centre articulaire C7-T1). Le calcul est effectué en utilisant une méthode ascendante pour l’ensemble des centres articulaires, à l'exception de la charnière C7-T1 pour laquelle une méthode descendante est utilisée (prenant en compte uniquement le poids de la tête et du cou issue de données anthropométriques). Dans ce travail, et à la vue de l’importance du plan sagittal tel que décrit dans la littérature seules les données caractérisant l’équilibre sagittal ont été prises en compte. Résultats La faisabilité du nouveau protocole dans un contexte clinique a été jugée satisfaisante avec un temps d’équipement du sujet d’environ 15 minutes pour l’ensemble des marqueurs. Les moments articulaires moyens calculés sur 1 seconde d’enregistrement pour les 4 essais du volontaire sain ont mis en évidence (tableau 5) : Un moment moyen -9.8 N.m pour la cheville gauche (CG) et de -10.5 N.m pour la cheville droite (CD). Un moment moyen de -5.2 N.m pour le genou gauche (GG) et de -4.6 N.m pour le genou droit (GD) Un moment moyen de 15 N.m pour la hanche gauche (HG) et de 13.1 N.m pour la hanche droite (HD). Au niveau du rachis, les moments articulaires moyens étaient de -0.78 N.m au niveau de la charnière lombosacrée (LS), -6.9 N.m au niveau de la charnière thoraco-lombaire (TL) et -0.55 N.m au niveau de la charnière cervico-thoracique (CT).

39

CT

TL

LS

HG

GG

CG

HD

GD

CD

Essai 1

-0.39

-6.34

-0.59

14.56

-5.43

-9.44

11.82

-3.44

-10.04

Essai 2

-0.61

-10.56

-0.73

11.21

-3.64

-10.88

12.83

-6.05

-9.52

Essai 3

-0.66

-6.04

-0.47

17.65

-3.25

-8.57

14.56

-3.01

-10.04

Essai 4

-0.56

-4.83

-1.35

16.80

-8.27

-10.46

13.23

-5.73

-12.31

Tableau 5 : Résumé des différents moments articulaires (en N.m) pour les quatre essais sur le volontaire sain. CT= charnière cervico-thoracique, TL= charnière thoraco-lombaire, LS= charnière lombosacrée, HG/HD= hanche gauche/droite, GG/GD= genou gauche/droit, CG/CD= cheville gauche/droite.

L’interprétation clinique des résultats obtenus pour chaque centre articulaires traduit un moment de flexion dorsale des chevilles, de flexion des genoux, d’un moment de rétroversion pelvienne du complexe hanches-bassin. Au niveau des différentes charnières rachidiennes, il s’agissait de moments de flexion (figure 28).

Figure 28 : Interprétation clinique des différents moments articulaires

Blondel B, Pomero V, Moal B, Lafage V, Jouve JL, Tropiano P, Bollini G, Dumas R, Viehweger E. Sagittal spine posture assessment: Feasibility of a protocol based on intersegmental moments. Orthop Traumatol Surg Res. 2012, 98 (1), 109-13 40

Projet 6 : Validation du protocole d’analyse et mesure de l’erreur expérimentale Après avoir testé la faisabilité technique du protocole d’analyse posturale biomécanique, nous avons réalisé une validation du protocole intra et inter-observateur ainsi que la mesure de l’erreur expérimentale liée à la méthode de calcul. Matériel et méthodes Deux volontaires sains ont été testés, un homme de 30 ans (1m80, 80kg) et une femme de 26 ans (1m58, 52kg). Une fois équipé, il était demandé à chaque volontaire de se positionner librement avec le regard horizontal, avec un pied sur chaque plateforme de force. Afin d’estimer l’erreur expérimentale du protocole, les différentes mesures étaient répétées selon la méthodologie de Schwartz et al. [23]. Ainsi, les données posturales étaient calculées par 3 observateurs entrainés à l’analyse du mouvement, au cours de 3 sessions différentes à une semaine d’intervalle (figure 29). Pendant chaque session, il était demandé au volontaire de prendre une posture libre 4 fois sans modifications des marqueurs. Entre les évaluations des 3 observateurs, les marqueurs étaient complètement retirés et le volontaire était équipé de nouveau.

Figure 29 : schéma de validation du protocole intra et inter-observateur 41

L’acquisition était réalisée sur un enregistrement de plusieurs secondes dont était extrait la seconde avec le moins d’amplitude de mouvements. De façon conventionnelle, les valeurs positives correspondaient à des moments d’extension aux niveaux des charnières rachidiennes et des genoux, à de la flexion dorsale de cheville et à une rétroversion pelvienne. Résultats Les résultats des analyses sur les 2 volontaires retrouvaient la même orientation des moments nets articulaires sagittaux. En utilisant l’ensemble des enregistrements, il était possible d’estimer les moments inter-segmentaires moyens suivants : - Un moment moyen de flexion de -10.4 N.m sur la cheville droite et de -6.8 N.m sur la cheville gauche. - Un moment moyen de -7.15 N.m sur le genou droit et de -7.95 N.m sur le genou gauche. - Un moment moyen de 7.26 N.m sur la hanche droite et de 9.72 N.m sur la hanche gauche. - Au niveau rachidiens on retrouvait un moment moyen de -0.65 N.m au niveau lombosacré, de -6.72 N.m au niveau thoracolombaire et de -0.34 N.m au niveau cervicothoracique. Les résultats détaillés pour chaque volontaire sont résumés dans le tableau 6.

Cervical

Thoracic

Hip

Hip

Knee

Knee

Ankle

Ankle

right

Left

right

Left

Right

Left

Lumbar

Volunteer -0.65

-9.23

-0.45

10.73

14.62

-6.7

-5.81

-13.04

-7.52

-0.03

-4.2

-.86

3.79

4.82

-7.59

-10.09

-7.76

-6.08

1 Volunteer 2

Tableau 6: Moments sagittaux moyens en N.m pour chaque volontaire.

42

Les résultats de l’analyse de la variabilité comprenaient la mesure de l’erreur expérimentale interessais (erreur intrinsèque liée à la variabilité liée au volontaire), intersession (erreur extrinsèque liée à la variabilité intra-observateur) et inter-observateur. Ces résultats sont résumés dans le tableau 7 et la figure 30.

Cervical

Thoracic

Hip

Hip

Knee

Knee

Ankle

Ankle

right

Left

right

Left

Right

Left

Lumbar

Inter-trial 0.26

1.36

1.08

1.66

1.71

1.55

1.5

2.14

2.03

0.43

5.27

5.24

3.21

3.78

2.09

2.75

2.46

2.8

0.48

6.68

6.64

4.09

4.5

4.22

4.07

2.6

2.86

error Inter-session error Inter-therapist error

Tableau 7 : Résultats de la mesure de l’erreur expérimentale (en N.m).

Figure 30 : Résultats de l’analyse des variabilités du protocole en posture (en N.m. Bleu : erreur intrinsèque, rouge : erreur extrinsèque, vert : erreur inter-observateur).

43

Discussion L’interprétation de ces résultats met en évidence de la même façon que Schwartz et al. [23] une erreur inter-essai faible avec une erreur intersession et inter-observateur. Ceci peut être interprété soit comme un manque de reproductibilité du protocole ou comme la présence d’une grande variabilité de la posture d’un individu. L’absence de différences importantes entre les erreurs intersessions et inter-observateurs soulignent d’avantage la variabilité de la posture qu’une faiblesse du protocole d’analyse.

B. Blondel, E. Viehweger, B. Moal, P. Tropiano, J-L. Jouve, V. Lafage, R. Dumas, G. Bollini, V. Pomero. Postural Spinal Balance Defined by Net Intersegmental Moments: Results of a Biomechanical Approach and Experimental Errors Measurement. Article soumis.

Influence des mouvements sagittaux sur les résultats expérimentaux De façon à évaluer l’impact des mouvements sagittaux sur les moments inter-segmentaires, il était également demandé aux volontaires de réaliser une flexion (45°) puis une extension du tronc (40°) (Figure 31). Le passage d’une position libre à une flexion à 45° entrainait une augmentation croissante des moments (en valeur absolue) au niveau cervico-thoracique (>3.5 N.m), thoracolombaire (>35 N.m) et lombosacré (>45 N.m). De la même façon la réalisation d’une extension du tronc d’environ 40°, s’accompagnait de l’apparition de moments d’extension au niveau cervico-thoracique (>3.5 N.m), thoracolombaire (>18 N.m) et lombosacré (>35 N.m).

44

Figure 31 : Impact des mouvements de flexion/extension sur les moments nets inter-segmentaires sagittaux (courbes bleue)

45

Comparaison du protocole à l’analyse radiographique conventionnelle Comparaison posture libre vs. posture radiologique Afin d’évaluer l’impact d’un environnement contraint sur l’analyse de la posture d’un individu, nous avons comparé les résultats du protocole d’analyse en posture libre vs. posture radiologique. Matériel et méthodes En pratique clinique il est demandé aux patients de positionner leur mains sur les clavicules ou sur les zygomatiques afin de dégager le rachis thoracique haut. Une série d’acquisition était donc réalisée en demandant aux volontaires de réaliser une antépulsion des épaules de 30° et de placer l’extrémité des doigts sur les processus zygomatiques (posture radiologique). L’analyse entre posture libre et posture radiologique était considéré comme significative si la différence était supérieure à l’erreur de mesure intrinsèque expérimentale. Résultats Pour un des 2 volontaires, l’analyse ne retrouvait pas de différence significative. Pour le deuxième volontaire, l’adoption de la posture radiologique entrainait les modifications suivantes : un moment d’extension au niveau cervico-thoracique, une diminution du moment de flexion au niveau thoracolombaire et une absence de modification au niveau lombosacré (Tableau 8).

Volunteer 2

Volunteer 1

Cervical Thoracic Lumbar Mean Diff FSP vs. RX (N/m)

1.15

2.79

0.35

Inter-trial significant diff

Yes

Yes

No

Inter-Session significant diff

Yes

No

No

Inter-Therapist significant diff

Yes

No

No

Mean Diff FSP vs. RX (N/m)

0.11

0.88

0.3

Inter-trial significant diff

No

No

No

Inter-Session significant diff

No

No

No

Inter-Therapist significant diff

No

No

No

Tableau 8 : Résumé des différences imposées par la posture radiologique comparée à une posture libre. Les différences sont exprimées en valeurs absolues. 46

Discussion Ces résultats entre posture libre vs. posture radiologique soulignent la variabilité de la posture dans le temps et entre les individus. L’expression clinique de ces modifications correspondait à une extension de la partie supérieure du tronc lors de l’adoption de la posture radiologique. Ces résultats sont concordants avec les travaux de Marks [15] et Vedantam [24] dans lesquels le positionnement des bras était associé à un déplacement postérieur de la verticale issue de C7. La présence de ces différences significatives sur des volontaires sans déséquilibre sagittal, rendant fort probable que cette différence soit encore plus significative chez des patients avec une perte de lordose lombaire et une augmentation de la cyphose thoracique.

Projet 7 : Approche clinique en radiologie conventionnelle du protocole d’analyse biomécanique La réalisation d’une évaluation de la posture à l’aide d’un protocole biomécanique dédié est donc possible avec la description de nouveaux paramètres de mesures. Toutefois, la réalisation d’une analyse posturale en laboratoire d’analyse du mouvement n’est pas toujours réalisable lors de la pratique quotidienne. Il est cependant possible d’analyser ces paramètres biomécaniques sur des données radiographiques par un couplage radio-plateforme de pression. Matériel et méthodes Le pré requis à une telle analyse réside dans l’absence de perte d’informations par l’utilisation d’une plateforme de pression (par rapport à une plateforme de force). Nous avons donc analysé l’impact de l’utilisation d’une plateforme de pression sur les résultats mécaniques obtenus en laboratoire d’analyse du mouvement. Les résultats issus des données de sujets volontaires ont donc étaient recalculés en ne gardant que la composante verticale (y) issue de la plateforme de force et comparée aux données originales. Enfin, la différence entre les moments issus des plateformes de force et de pression étaient comparées à l’erreur expérimentale du protocole d’analyse.

47

Résultats Les résultats de la comparaison entre plateforme de force et plateforme de pression (tableau 9) pour chaque moment inter-segmentaire retrouvaient des différences significatives entre les 2 configurations au niveau de la charnière lombosacrée, des hanches, des genoux et des chevilles (p

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